Les hommes qui te rencontrent perdent toujours du poids.
Aucun homme ne ta défendue et ceux qui ont essayé
en cachette, tu les as coupés en deux, à l'épée,
jusqu'à la taille.
Aucun homme ne t'a défendue et ceux qui ont essayé
de chasser les hérons scélérats de tes seins
avec leur langue ont oublié que tout phallus expiré
croit que les seins des femmes émettent
une lumière intermittente.
Aucun homme ne ta défendue et ceux
qui se sont élancés comme des free-runners acharnés
d'une hanche sur l'autre, tu les as renvoyés.
Après des inconvénients des limites des remèdes,
tu les as renvoyés à la forge usée à travers laquelle
ils étaient déjà passés autrefois. Aucun homme
ne t'a défendue, n'a compris d'où venait
ton pas léger qui répandait tant de tristesse
sur la nuque épaisse des traqueurs. Aucun homme
ne t'a défendue et ceux qui ont essayé,
en revêtant l'uniforme par-dessous la peau,
t'ont demandé de leur faire une place
dans ton corps ingénu.
Et ton corps aurait dit les revêtir tout comme une pomme
tendre revêt, sans le savoir, les vers.
Aucun homme ne ta défendue et ceux qui ont essayé
se sont soudain cachés dans les vestiaires des nageuses.
Ils se sont éparpillés dans des volutes féeriques,
en essayant de léviter encore et encore.
Aucun homme ne ta défendue et ceux qui ont essayé,
sous la lumière de ton fouet,
de leurs mots paralysés, se marchaient dessus,
comme l’éléphant sur la trompe,
et s'écroulaient dans le lit. Toi, seule, tu levais le front
et regardais vers le crépuscule, vers le ciel
bien vascularisé.
Aucun homme ne t'a défendue. Comme si
quelques-uns parmi eux étaient de jeunes garçons
qui s'attardent toujours dans les urinoirs.
Et les autres, quelques vieux loups de mer qui attendent
que les vents les brouillards les sirènes
allument le feu de saint Elm, comme autrefois,
au sommet des mâts. Aucun homme ne t'a défendue
et à ceux qui t'ont regardée, dans leur inconscience, à travers
la brume de la vocation éjaculatoire,
tu leur as dit d'une voix tonnante qu'aucun homme
ne t'avait défendue.
Qu'ils s'étaient tous étendus dans le lit noir du sens,
aveuglés et infibulés comme devant
les filles excisées de l'Afrique.
Et aucun homme ne ta défendue et ceux qui ont essayé
l'imploraient la nuit et pleuraient longuement,
aux éclats, sur l'ogive de ton pelvis. Sur sa texture rose,
de chrysobéryl. Et toi tu leur disais
que pendant ce temps, dans le parc à l'anglaise
de derrière l'asile, la fille du jardinier creusait
la poitrine de ton amant avec ses seins.
Tu leur disais qu'aucun homme ne t'avait défendue.
Et depuis aucun homme ne t’a défendue et n’a même pas
essayé. Parce que toi, tu caches ton eunuque
sous la peau, le cube vaginal pressurisé,
et les hommes qui te rencontrent perdent toujours du poids.
Aucun homme ne t’a défendue
Linda Maria Baros
Listen to the poem read in the original French by the poet:
I’ve had the privilege to translate Linda Maria Baros for a few years now, and while I’m still blown away by her artistry with each poem I read, “Aucun homme ne t’a défendue” left a profound mark—one that I never want rid from me. The poem is a knockout, and it holds all that I love about Baros: her bitingly distinct voice; a gravity in her storytelling; and a twisted web of disconnected images and allusions that somehow unites to poignantly express both her agony and her authority.
“Aucun homme” comes from Baros’s latest collection of poems, La nageuse désossée: Légendes métropolitaines (Le Castor Astral, 2020), and it’s evident that the collection’s title accurately captures the folkloric surreal within this poem (and the collection as a whole). As with the other “metropolitan legends,” “Aucun homme” is a myth where each line is haunted by a shapeshifting, masculine threat that deceives and destroys from whichever body it can incarnate, no matter time or place.
Translating Baros is a difficult but incredibly rewarding challenge. She poeticizes words and phrases that I would never encounter in conversational French (or English, for that matter)—chrysoberyl and St. Elmo’s Fire, to name a few—and many of her metaphors are rooted in a vague clash between metropolitan and militaristic concepts. For my translations of her work, I’ve researched self-compacting concrete, factions of war, the sartorius muscle, and more. It is a literary excavation that I love.
Lastly, I will add that, unlike nageur/nageuse in French, there is no gender-specific word for “swimmer” in English. While my original plan was to translate “les vestiaires des nageuses” as “women’s locker room,” les nageuses are a recurrent symbol in the poem’s collection, so I had to ensure that the swimmer imagery would be present. So, as you read, please know that the swimmers mentioned here are all female.
“Aucun homme” comes from Baros’s latest collection of poems, La nageuse désossée: Légendes métropolitaines (Le Castor Astral, 2020), and it’s evident that the collection’s title accurately captures the folkloric surreal within this poem (and the collection as a whole). As with the other “metropolitan legends,” “Aucun homme” is a myth where each line is haunted by a shapeshifting, masculine threat that deceives and destroys from whichever body it can incarnate, no matter time or place.
Translating Baros is a difficult but incredibly rewarding challenge. She poeticizes words and phrases that I would never encounter in conversational French (or English, for that matter)—chrysoberyl and St. Elmo’s Fire, to name a few—and many of her metaphors are rooted in a vague clash between metropolitan and militaristic concepts. For my translations of her work, I’ve researched self-compacting concrete, factions of war, the sartorius muscle, and more. It is a literary excavation that I love.
Lastly, I will add that, unlike nageur/nageuse in French, there is no gender-specific word for “swimmer” in English. While my original plan was to translate “les vestiaires des nageuses” as “women’s locker room,” les nageuses are a recurrent symbol in the poem’s collection, so I had to ensure that the swimmer imagery would be present. So, as you read, please know that the swimmers mentioned here are all female.
Linda Maria Baros (b. 1981) is a poet, translator, and publisher with a PhD in comparative literature from the Sorbonne University. Baros has published seven books of poetry, including La nageuse désossée. Légendes métropolitaines (The Deboned Swimmer: Metropolitan Legends; Le Castor Astral, 2020), which was awarded the 2021 Grand Prize for Poetry by the Writers’ Society, France, the 2021 International Francophone Prize of the Montréal Poetry Festival and the 2021 Rimbaud Prize of the Poetry House, Paris. Her poems have been published in translation in 41 countries and she has taken part in 98 international poetry festivals. Winner of the prestigious Apollinaire Prize, Baros lives in Paris.
Emily Graham is a writer and translator of contemporary French poetry. From Cleveland, Ohio, she lived in Connecticut for four years before returning to the Midwest, where she is currently an MFA student in literary translation at the University of Iowa. She is the recipient of the 2022 World Literature Today Student Translation Prize in Poetry for her translation of Baros’s poem “Je sors dans la rue avec l’ange.”
