de Soleil Arachnide
Mohammed Khaïr-Eddine
Description d’un Drapeau
à Mehdi Ben Barka
ictère de lampes délitant le plasma d’un songe
et la pluie qui rode à travers moi fondu
dans la sève droite du ciel et de la neige
ébouriffe par un dieu peint sur mes crampes
sapristi les voilà nus et lapée ma foi larme songe
au fait divers qui déroule le rectum de ma terre
sanglée par les pattes comme le bœuf du sacrifice
je biffe le carnet oblique de ta justesse
et guinde un cercueil de menthe et de thym
ô terre doucement retrouvée sous le vice ancestral
cri vaste quand nous montions sur la pierre blanche
avec dans nos poches les plus beaux sous de l’air
galop neuf têtes et
ce clous qui saigne à mon œil
la mort est une feuille de tabac
tu rumines le marécage la mort est une audace
galop neuf têtes et
ce clous qui piège mon œil
la mort est un kaléidoscope
où tu t’interroges du doigt et du nombril
ayant étreint l’oubli véreux de ta kyrielle
d’oiseaux boutonnant l’amiante
des jours flambe et des nuits tire
ô galop combien ivre de battre
en ce matin de denrée d’affres
la baie d’un souvenir qui ne fût pas chéri
ton visage écrouait
le soleil comme un amandier éperdu
dans les frisson des myriapodes
et nous fûmes uniques avec tous ceux
qui virent décroitre un trône d’insectes
au ras d’un hourrah d’ile qui monte
dans les sangs de mer grésillant de joie
et maintenant
la mort
toi tu comme un roseau dont le scarabée dit la force
de chant
ictère de lampes délitant le su d’un songe
perturbation soleil déchu des étoffes barbares du post-règne
que nous faisions rouges et signions
de l’étoile gazelle volant par ce même jour
par l’érysipèle du désert où nous enfoncions
tu meurs soudain au vrai tu brandis tes racines
dans mon ombre imprévisible où tu te contemplent émus
les hommes de Sakia-Hamra précipites
sur le chergui dont la Seine t’a couvert
caves
en longueur
œufs d’araignées parfumant le silence dictateur
meurtre blanc sur la margelle du désespoir
le Bou-Regreg dit qui t’émiette et où
ton sang rit encore de l’ennemi public
la vengeance séchant les gorges
vermiculaire
d’yeux de galets trempés dans les chaudières
d’une vie qui se ferme haute et simple
maudire
non
harponner le roi requin qui lors
quitta le lit des fleuves de brousse polaire
et mâche sa rancune avec parfois
comme des billes de verre qui cassent
poisse suie roi
étroitesse du songe
de toujours cribler le drapeau de sang
de chant qui marche dans nos viscères
Horoscope
la roue du ciel tue tant d’aigles hormis toi
sang bleu
qui erres dans ce coeur oint de cervelle d’hyène
voiries simples—du mica dérive une enfance fraîche
et scinques mes doigts de vieux nopal
en astre noué péril à mes nombrils
vieux nopal
mal couronné par mes rêves de faux adulte
sans chemin
le simoun ne daigne pas réviser ma haine
pour qui je parle de transmutations en transes
pour qui j’érige un tonnerre dans le mur gris du petit jour
cadavres—que parmi le basilic où je me gave
du camboui des peurs géologiques
s’ouvre en volte-face
l’oubliette qui me démange sous l’ongle du pouce
la roue du ciel et les pucelles à bon marché
par les barreaux fétides de la cage de ma gorge
par ma voix de marécage endossant subrepticement
une histoire d’anse perlière
par le lait amer des pérégrinations
je vous crève famines de pygmée
dans un rythme où les mains se taisent
je vous écrabouille
hommes-sommeils-silos-roides
vous dégueulez nos dents blanches salissant
la vaisselle onéreuse de par mes sangs sacrés
du midi exigu d’où fuse mon tertre populeux
terre sous ma langue
terre
comme la logique du paysan
silence sciant les têtes de lunes tombant
dans mes caresses de serpent
et mors à même les lèvres noires du douanier
giclé d’un hors bâtard de seps corruptible
reste ami quand même
canaille de tous temps
de tes serrements d’algue vétuste
de tes normes
de tes soldes de nom ayant gardé
un éclat du pur cristal des noms
de ces bouges plein tes vingt jambes
de ton humidité
sors comme une aile
l’Europe te fabrique un asthme de sable
et de gouttières
l’Europe
avec sa queue de rat fatal
sors pour entendre le dernier acte de l’hiver
le miracle ne soudoie pas la roue du ciel
Barbare
être mais être un corbeau aux serres assez vilaines
pour s’accrocher parmi tes corans de naphte inouï
parmi les koweits de panégyriques
et d’oeufs d’astres écrasés contre le mauvais temps
musulman je le suis jusqu’à l’automne fakirs
prenez tout mon alphabet mes costumes de lucule
je suis scelle de détonations
et de soufrières éboulées sur les tympans des vagues
lianes écoutée
par les geysers de mes secrets de sang et d’ambre
de myrrhe et de frondes
les coups de crosse du soleil les coups flagrants
en éructations de boa
en imbécilité du péril
mon corps de fiente et d’écume
mon âme coupe-gorge
ruant
ni la rue comme une cicatrice fleurie au pollen
des ombilics
ce n’est pas l’arme
cette pépinière de mots sans remède
m’occit frappe me crucifie
suivant un sommeil de cétacés
je suis un ramadan de Grande Ourse qui gruge
un gratin de larves amères
mais tu fouinais dans les tumescences du béri-béri
dépiautant le fleuve vaste des nuits de gomme
mes pensées s’érodaient aux timbales du mauvais sang
je crache mon coeur
mon nom de figuier blanc du regard des moustiques
à l’envers du dire des étamines
comme tes chairs scandées en injures
mauvais arganier de barbarie
je travaille
dans le caviar de tes prunelles
je cercle et défais ton sourire d’henné
ramier aux ailes de libellule comptant son ère
au bec de gaz des villes en tanières
tu fais une entorse rouge à mon aube
macérée dans l’alcool des rixes
avec un relent acre de règnes incongrus
que m’apporte le dernier mirage des flutes
avec des feux-huants dans la tonsure du vent
mustang qui louche
sur les poitrines sans épitaphe
être mais être et de vos sangs
ronger la mousson indicatrice
à Mehdi Ben Barka
ictère de lampes délitant le plasma d’un songe
et la pluie qui rode à travers moi fondu
dans la sève droite du ciel et de la neige
ébouriffe par un dieu peint sur mes crampes
sapristi les voilà nus et lapée ma foi larme songe
au fait divers qui déroule le rectum de ma terre
sanglée par les pattes comme le bœuf du sacrifice
je biffe le carnet oblique de ta justesse
et guinde un cercueil de menthe et de thym
ô terre doucement retrouvée sous le vice ancestral
cri vaste quand nous montions sur la pierre blanche
avec dans nos poches les plus beaux sous de l’air
galop neuf têtes et
ce clous qui saigne à mon œil
la mort est une feuille de tabac
tu rumines le marécage la mort est une audace
galop neuf têtes et
ce clous qui piège mon œil
la mort est un kaléidoscope
où tu t’interroges du doigt et du nombril
ayant étreint l’oubli véreux de ta kyrielle
d’oiseaux boutonnant l’amiante
des jours flambe et des nuits tire
ô galop combien ivre de battre
en ce matin de denrée d’affres
la baie d’un souvenir qui ne fût pas chéri
ton visage écrouait
le soleil comme un amandier éperdu
dans les frisson des myriapodes
et nous fûmes uniques avec tous ceux
qui virent décroitre un trône d’insectes
au ras d’un hourrah d’ile qui monte
dans les sangs de mer grésillant de joie
et maintenant
la mort
toi tu comme un roseau dont le scarabée dit la force
de chant
ictère de lampes délitant le su d’un songe
perturbation soleil déchu des étoffes barbares du post-règne
que nous faisions rouges et signions
de l’étoile gazelle volant par ce même jour
par l’érysipèle du désert où nous enfoncions
tu meurs soudain au vrai tu brandis tes racines
dans mon ombre imprévisible où tu te contemplent émus
les hommes de Sakia-Hamra précipites
sur le chergui dont la Seine t’a couvert
caves
en longueur
œufs d’araignées parfumant le silence dictateur
meurtre blanc sur la margelle du désespoir
le Bou-Regreg dit qui t’émiette et où
ton sang rit encore de l’ennemi public
la vengeance séchant les gorges
vermiculaire
d’yeux de galets trempés dans les chaudières
d’une vie qui se ferme haute et simple
maudire
non
harponner le roi requin qui lors
quitta le lit des fleuves de brousse polaire
et mâche sa rancune avec parfois
comme des billes de verre qui cassent
poisse suie roi
étroitesse du songe
de toujours cribler le drapeau de sang
de chant qui marche dans nos viscères
Horoscope
la roue du ciel tue tant d’aigles hormis toi
sang bleu
qui erres dans ce coeur oint de cervelle d’hyène
voiries simples—du mica dérive une enfance fraîche
et scinques mes doigts de vieux nopal
en astre noué péril à mes nombrils
vieux nopal
mal couronné par mes rêves de faux adulte
sans chemin
le simoun ne daigne pas réviser ma haine
pour qui je parle de transmutations en transes
pour qui j’érige un tonnerre dans le mur gris du petit jour
cadavres—que parmi le basilic où je me gave
du camboui des peurs géologiques
s’ouvre en volte-face
l’oubliette qui me démange sous l’ongle du pouce
la roue du ciel et les pucelles à bon marché
par les barreaux fétides de la cage de ma gorge
par ma voix de marécage endossant subrepticement
une histoire d’anse perlière
par le lait amer des pérégrinations
je vous crève famines de pygmée
dans un rythme où les mains se taisent
je vous écrabouille
hommes-sommeils-silos-roides
vous dégueulez nos dents blanches salissant
la vaisselle onéreuse de par mes sangs sacrés
du midi exigu d’où fuse mon tertre populeux
terre sous ma langue
terre
comme la logique du paysan
silence sciant les têtes de lunes tombant
dans mes caresses de serpent
et mors à même les lèvres noires du douanier
giclé d’un hors bâtard de seps corruptible
reste ami quand même
canaille de tous temps
de tes serrements d’algue vétuste
de tes normes
de tes soldes de nom ayant gardé
un éclat du pur cristal des noms
de ces bouges plein tes vingt jambes
de ton humidité
sors comme une aile
l’Europe te fabrique un asthme de sable
et de gouttières
l’Europe
avec sa queue de rat fatal
sors pour entendre le dernier acte de l’hiver
le miracle ne soudoie pas la roue du ciel
Barbare
être mais être un corbeau aux serres assez vilaines
pour s’accrocher parmi tes corans de naphte inouï
parmi les koweits de panégyriques
et d’oeufs d’astres écrasés contre le mauvais temps
musulman je le suis jusqu’à l’automne fakirs
prenez tout mon alphabet mes costumes de lucule
je suis scelle de détonations
et de soufrières éboulées sur les tympans des vagues
lianes écoutée
par les geysers de mes secrets de sang et d’ambre
de myrrhe et de frondes
les coups de crosse du soleil les coups flagrants
en éructations de boa
en imbécilité du péril
mon corps de fiente et d’écume
mon âme coupe-gorge
ruant
ni la rue comme une cicatrice fleurie au pollen
des ombilics
ce n’est pas l’arme
cette pépinière de mots sans remède
m’occit frappe me crucifie
suivant un sommeil de cétacés
je suis un ramadan de Grande Ourse qui gruge
un gratin de larves amères
mais tu fouinais dans les tumescences du béri-béri
dépiautant le fleuve vaste des nuits de gomme
mes pensées s’érodaient aux timbales du mauvais sang
je crache mon coeur
mon nom de figuier blanc du regard des moustiques
à l’envers du dire des étamines
comme tes chairs scandées en injures
mauvais arganier de barbarie
je travaille
dans le caviar de tes prunelles
je cercle et défais ton sourire d’henné
ramier aux ailes de libellule comptant son ère
au bec de gaz des villes en tanières
tu fais une entorse rouge à mon aube
macérée dans l’alcool des rixes
avec un relent acre de règnes incongrus
que m’apporte le dernier mirage des flutes
avec des feux-huants dans la tonsure du vent
mustang qui louche
sur les poitrines sans épitaphe
être mais être et de vos sangs
ronger la mousson indicatrice
© Éditions Gallimard, Paris, 2009