de L’excès-L’usine
Leslie Kaplan
C’est le printemps. L’usine est grasse et froide.
On regarde, dehors.
On arrive par les champs, à travers la campagne.
On pédale dans l’air clos, transparent.
La campagne est jaune et verte.
On passe entre les arbres anonymes. Le chemin crisse, fragile.
On roule sur des miettes pointues, cailloux secs, graviers.
Autour des bêtes très petites volent sur le ciel plat.
De loin, on l’a vue. Elle est posée sur l’herbe, légère. La tôle est mince, ondulée.
Les fenêtres sont ouvertes, battants. L’air circule, identique.
On pose le vélo. La cour est pleine de pavés, arrondis.
Au fond, les trétaux. Les pavés font une surface particulière, calme.
On traverse l’air. Entre les pierres, les touffes pointent.
Rien ne disparaît, jamais. L’air enfle, à chaque instant, avec les odeurs.
On avance dans la cour ronde. Au-dessus le ciel, naïf. On a peur, sans arrêt.
Les femmes arrivent en corsages souples. On a des yeux, on voit leurs seins.
L’espace est divisé, c’est terrible.
On n’est pas protégée.
On va, on vient. Printemps cruel et mou.
Usine l’usine, première mémoire.
On est dans l’atelier, dehors il pleut.
La pluie tombe. Absence pointue.
Les choses sont, contraires, irréelles, réelles.
On a un tablier et un vélo.
On achète quelques objets, c’est certain.
On les veut.
On traverse la ville, sérieuse.
Les rues vont très vite, larges, étroites, larges, étroites.
Il y a beaucoup de petits kiosques en couleur, des arbres, des bancs.
Des chiens bougent la queue, énervés.
On marche, entourée de maisons. Souvent des portes cochères s’ouvrent, et on peut voir les escaliers intérieurs. On s’arrête, quand on les voit monter, raides, derrière la porte.
Au milieu de la ville, le fleuve coule, tout seul, et les choses, on les sait toujours déjà, étonnée.
On est descendue du bus, on marche.
Là-haut, le ciel crue, bleu et blanc. On passe devant la palissade.
Derrière, il y a le terrain vague.
On regarde entre les fentes, du dehors.
La terre est étalée, étalée, orange.
Tout commence, sans création. Offrande.
On est là, derrière la palissade. On voit les morceaux.
Des personnes circulent, en casquette, tirant des sacs.
Il y a des papiers mous, dégoutants, des plastiques. Les plastiques sont vieux, finis. Plaques et bouts. Quelques serrures traînent.
La rouille est là, mystérieuse.
Piles de bidons, piques et peaux. Caisses carrées, simples. On voit aussi des choses de bête.
Il y a des chiffons durcis, en boule. Quel témoignage.
Des portes sont entrouvertes, debout. Le ciel reste fixe.
Miroirs, aussi, dans des cadres.
Certaines formes sont enveloppées, c’est impensable. Les pires sont petites et grosses.
La terre change, par endroits. Flaques visqueuses. Il y a aussi des coins secs comme des yeux.
Un feu brûle, au milieu.
On regarde par une fente. C’est tellement vrai.
On regarde, dehors.
On arrive par les champs, à travers la campagne.
On pédale dans l’air clos, transparent.
La campagne est jaune et verte.
On passe entre les arbres anonymes. Le chemin crisse, fragile.
On roule sur des miettes pointues, cailloux secs, graviers.
Autour des bêtes très petites volent sur le ciel plat.
De loin, on l’a vue. Elle est posée sur l’herbe, légère. La tôle est mince, ondulée.
Les fenêtres sont ouvertes, battants. L’air circule, identique.
On pose le vélo. La cour est pleine de pavés, arrondis.
Au fond, les trétaux. Les pavés font une surface particulière, calme.
On traverse l’air. Entre les pierres, les touffes pointent.
Rien ne disparaît, jamais. L’air enfle, à chaque instant, avec les odeurs.
On avance dans la cour ronde. Au-dessus le ciel, naïf. On a peur, sans arrêt.
Les femmes arrivent en corsages souples. On a des yeux, on voit leurs seins.
L’espace est divisé, c’est terrible.
On n’est pas protégée.
On va, on vient. Printemps cruel et mou.
Usine l’usine, première mémoire.
On est dans l’atelier, dehors il pleut.
La pluie tombe. Absence pointue.
Les choses sont, contraires, irréelles, réelles.
On a un tablier et un vélo.
On achète quelques objets, c’est certain.
On les veut.
On traverse la ville, sérieuse.
Les rues vont très vite, larges, étroites, larges, étroites.
Il y a beaucoup de petits kiosques en couleur, des arbres, des bancs.
Des chiens bougent la queue, énervés.
On marche, entourée de maisons. Souvent des portes cochères s’ouvrent, et on peut voir les escaliers intérieurs. On s’arrête, quand on les voit monter, raides, derrière la porte.
Au milieu de la ville, le fleuve coule, tout seul, et les choses, on les sait toujours déjà, étonnée.
On est descendue du bus, on marche.
Là-haut, le ciel crue, bleu et blanc. On passe devant la palissade.
Derrière, il y a le terrain vague.
On regarde entre les fentes, du dehors.
La terre est étalée, étalée, orange.
Tout commence, sans création. Offrande.
On est là, derrière la palissade. On voit les morceaux.
Des personnes circulent, en casquette, tirant des sacs.
Il y a des papiers mous, dégoutants, des plastiques. Les plastiques sont vieux, finis. Plaques et bouts. Quelques serrures traînent.
La rouille est là, mystérieuse.
Piles de bidons, piques et peaux. Caisses carrées, simples. On voit aussi des choses de bête.
Il y a des chiffons durcis, en boule. Quel témoignage.
Des portes sont entrouvertes, debout. Le ciel reste fixe.
Miroirs, aussi, dans des cadres.
Certaines formes sont enveloppées, c’est impensable. Les pires sont petites et grosses.
La terre change, par endroits. Flaques visqueuses. Il y a aussi des coins secs comme des yeux.
Un feu brûle, au milieu.
On regarde par une fente. C’est tellement vrai.