de Gravier

José-Flore Tappy

Si blanche
la fleur du câprier
qui s'ouvre avec le jour
si souple sa tige
qui s'appuie sur la roche

moi l'entêtée
je me hisse à l'air libre
m'obstine

à mon épaule
le ciel pend
comme un sac fatigué


*


Déchaussés
maladroits on marche
sur le lourd
le rigoureux
gravier des jours

et pourtant

tous ces blés
l'âpre et mûr citronnier
l'épice fumée du large
appellent


*


Foule en liesse
hautes herbes transparentes
qui s'écartent et se redressent
c'est la soif qui monte
plurielle aérienne
vers l'eau nécessaire

à l'écart
sur un escalier creux
je remplis d'une pluie minime
ma cuillère d'os


*


C'est l'heure où
la poussière descend
se dépose sans bruit
sur les toits sombres

âcre
comme une laine
un lichen


*


Mais elle perdure

la falaise

dressée
et jamais lasse
de tenir en respect
l'espace

au pied de la paroi
par quel miracle
restée debout

l'immense vivier
des vagues


*


Tachée de craie
et de fruits rouille
grand tablier jeté
sur ce ventre de pierre

c'est dans sa pente
ses plis abrupts
que mes larmes aujourd'hui
sévères dans la nuit claire
une à une
retournent


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