Paradis
Ariane Dreyfus
à Dominique Hervieu
Neigeant si réellement !
*
Danseuse,
Je pose toujours ce mot sur ce qui va s'enfoncer,
Vite, les pieds !
Elle arrive d'un seul corps.
Scène vide sinon, bleu fort.
On arrache par musique.
La jeune tambour respire la peau.
*
Pull par-dessus tête,
J'ai souri parce qu'elle a souri
Quand Dominique est entrée dans le studio
J'avais oublié que quelqu'un,
C'est elle.
En chaussettes, le travail commense doucement mais déjà la douleur se cache.
Tout de suite la douleur, ailleurs.
Même en fermant les yeux : corps vif.
Creuser le buste, le redonner.
Mon souvenir s'enfonce presque douloureusement mais par une épaule, la danse te redessine. D'une place se déplace
Où tu vas, milieu.
Ta colonne vertébrale est sa libre merveille.
Pour que le mouvement existe, il faut « y être entrée » : tu touches ta nuque un moment pour faire voir.
Les larmes restent dans leurs yeux
Car tu brodes follement les bords
– Je ne suis plus que fenêtre –
En toi il y a des cerises
Pas visibles mais pas disparues
Ou disant si bien ta pensée
– Ce que j'entends est plus beau
que l'écrire –
Avec des pieds jamais tranquilles
Même au creux des mains
(Elles s'ouvrent toujours, conversation au sol)
Dominique Hervieu se remet à danser pour expliquer des années de travail. On est soudain silencieux. Aucune église, aucune église ne le fera jamais
Ce vertige plein d'espoir
Puis elle se rassoit
C'est le moment de la rougeur sous l'œil.
*
La neige, il ne s'agit plus de la voir.
Neigeant si réellement !
*
Danseuse,
Je pose toujours ce mot sur ce qui va s'enfoncer,
Vite, les pieds !
Elle arrive d'un seul corps.
Scène vide sinon, bleu fort.
On arrache par musique.
La jeune tambour respire la peau.
*
Pull par-dessus tête,
J'ai souri parce qu'elle a souri
Quand Dominique est entrée dans le studio
J'avais oublié que quelqu'un,
C'est elle.
En chaussettes, le travail commense doucement mais déjà la douleur se cache.
Tout de suite la douleur, ailleurs.
Même en fermant les yeux : corps vif.
Creuser le buste, le redonner.
Mon souvenir s'enfonce presque douloureusement mais par une épaule, la danse te redessine. D'une place se déplace
Où tu vas, milieu.
Ta colonne vertébrale est sa libre merveille.
Pour que le mouvement existe, il faut « y être entrée » : tu touches ta nuque un moment pour faire voir.
Les larmes restent dans leurs yeux
Car tu brodes follement les bords
– Je ne suis plus que fenêtre –
En toi il y a des cerises
Pas visibles mais pas disparues
Ou disant si bien ta pensée
– Ce que j'entends est plus beau
que l'écrire –
Avec des pieds jamais tranquilles
Même au creux des mains
(Elles s'ouvrent toujours, conversation au sol)
Dominique Hervieu se remet à danser pour expliquer des années de travail. On est soudain silencieux. Aucune église, aucune église ne le fera jamais
Ce vertige plein d'espoir
Puis elle se rassoit
C'est le moment de la rougeur sous l'œil.
*
La neige, il ne s'agit plus de la voir.