de Les nomades, mes frères, vont boire à la grande ourse

Abdourahman Waberi


L'élixir de l'exil


c'est aller à Carthage pour mieux comprendre
Djibouti
c'est l'ailleurs au secours de l'ici
et maintenant pour les beaux jours de demain
en attendant que le temps panse
les blessures-brûlures de l'espace





C'est ici

où l'on entend le vibrato d'Oum Kalthoum
où l'on soupçonne un brin le Bon dieu
et les voisins anonymes
et l'on me jurera avoir ouï le fantôme
du voyageur heureux
en attendant de noyer son mal-être
                    dans des verres
                    couleur de pus 





Aïe. Aïe.

l'oeil boit, ne voit pas simplement
l'oeil croît plus vite que le doigt
développe des exploits en négatif
et même en positif, oui !
l'oeil devine partout la main de Dieu
l'oeil caresse comme la soie
l'homme meurt assis
debout ou allongé bras en croix
pieds devant et tête raide
la vie s'en va en tapinois 





Esquisse II

on affirme son identité par répétition
par ressaisissement
et non par l'imposition d'un arc-en-ciel
(cette cravate des noces cosmiques)
aussi beau qu'éphémère